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Un de nos tableaux en voyage au Musée de Flandre, à Cassel

Par Marie Dewandre, Guide du musée

Depuis le 4 septembre 2021 et jusqu’au 2 janvier 2022, le Musée de Flandre à Cassel propose à ses visiteurs l’exposition intitulée « La dynastie Francken ». Cette exposition a pour objectif de mettre en lumière la famille de peintres Francken dont ressort particulièrement un nom, celui de Frans II Francken (1581-1642).

À cette occasion, l’œuvre L’Avare et la Mort réalisée de sa main en 1635 et faisant partie des collections du musée de la Banque nationale de Belgique a fait l’objet d’un prêt au Musée de Flandre.

Contemporain du peintre Pierre Paul Rubens, Frans II Francken fait partie de la deuxième génération des Francken. Il s’illustre dans ses commandes par la diversité des sujets traités. Celui-ci multiplie les références historiques, littéraires, mythologiques, allégoriques ou religieuses et atteint une telle renommée qu’il deviendra maître, puis doyen de la guilde des peintres d’Anvers en 1615. Il est le seul membre de sa génération à atteindre cette distinction.

Au début de sa carrière, il suit les traces de ses oncles Ambrosius et Hieronymus I et réalise des œuvres de grands formats destinées aux églises. Par la suite, il peindra également des plus petits formats sur des supports de bois ou de cuivre comme c’est le cas pour l’œuvre L’Avare et la Mort aussi nommée La Mort invite le vieillard pour une dernière danse.

Portretprent Frans Francken II door Willem hondius
Portrait Frans II Francken par Willem Hondius © Rijksmuseum Amsterdam
L'Avare et la mort
L'Avare et la mort © Musée de la Banque Nationale de Belgique

Ce tableau présente une allégorie du caractère éphémère de la vie et est un exemple typique de ce qu'on appelle dans le jargon artistique « une vanité ». Cette œuvre s’intègre dans la tradition du memento mori, thème très populaire dès le Moyen Âge, qui peut se traduire comme « n’oublie pas que tu es mortel ». Un rappel que la vie finira irrémédiablement par s’arrêter, peu importe la richesse ou la fortune accumulée.

Sur cette œuvre, au premier plan, est représenté un homme d’un certain âge richement vêtu et entouré de tous ses biens. La table semble s’effondrer sous le poids des pièces d’or. Le coffre à côté de lui regorge de vaisselle précieuse et le buffet au fond est rempli de bijoux et d'argenterie. À ses côtés, le pied posé sur un sablier, symbole du temps qui passe, un squelette représentant la Mort joue du violon. Celui-ci tente de le charmer par le son du violon et semble vouloir l’inciter à exécuter une danse. Peut-être est-ce là une référence aux danses macabres, thème apparu à la fin du 14e siècle dans une période marquée par les guerres et les famines. La Mort symbolisée par un squelette faisait entrer dans la danse les riches comme les pauvres.

Au second plan, Francken évoque le début de l’histoire : la Mort est déjà venue à la rencontre de l’homme plus jeune. Trouvant l’heure de son décès trop précoce, celui-ci passe un pacte avec la Mort et lui demande de revenir plus tard. Quand finalement la Mort revient pour inviter l’homme à une dernière danse, ce dernier, appuyé sur un tabouret, semble lui montrer qu’il ne peut se lever à cause de sa jambe malade et tente ainsi de repousser encore le moment, pourtant désormais inéluctable.

Monnaie de nécessité de la municipalité de Merksplas pendant la Première Guerre mondiale © Musée de la Banque Nationale de Belgique

Le thème de la mort est un thème récurrent dans l’art sous quelques supports que ce soient. Ainsi, les billets de banque peuvent également évoquer ce sujet. C’est le cas d’un billet de nécessité, émis par la commune de Merksplas lors de la Première Guerre mondiale. Sur celui-ci, une danse macabre y est figurée. Elle fait probablement référence au « câble de la mort », une clôture électrique installée par l’occupant allemand sur la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas dès 1915, non loin de Merksplas. 

Pour voir ce billet de vos propres yeux, c’est au musée de la Banque nationale de Belgique  que cela se passe. Pour admirer le tableau de Frans II Francken, il vous faudra passer la frontière vers la France et visiter le Musée de Flandre. Pas moins de cinq générations de peintres sont réunis dans cette exposition qui met à l’honneur toute une dynastie d’artistes flamands.

Bibliographie

  • Vézilier-Dussart Sandrine, La dynastie Francken, catalogue d'exposition. Cassel: Musée de Flandre, 2020.

  • Brion R. en Moreau J.L., Le billet dans tous ses États. Du premier papier-monnaie à l’euro. Anvers: Fonds Mercator, 2001.

  • De Soete J., “De dans ontsprongen? De afgebeelde dood in Serienscheine," dans Epitaaf, consulté le 23 septembre 2021. (http://www.epitaaf.org/wp-content/uploads/2018/02/Tafofiel-07-april-2011.pdf)

  • Janssen H., Hoogspanning aan de Belgisch-Nederlandse grens. Heemkundekring Amalia van Solms, 2013.

  • Staats R., "De Dodendans in de middeleeuwen." dans Utrecht University Repository, consulté le 23 septembre 2021. (http://dspace.library.uu.nl/handle/1874/253276)